Après avoir quitté Shanghai, l’arrivée à Beijing a été mouvementée.
Je découvre, à mesure que le train express franchit les routes du nord que le climat laisse derrière lui le soleil et le ciel « visible ».
Le ciel est bas, gris, et je ne vois pas à un mètre. Il fait sombre comme un soir d’hiver mais ici en plein été et pleine journée.
Mon taxi avec sa clim -frigo se perd dans les myriades de petites rues. Il me demande en plus la route dans sa langue mystérieuse. et n’hésite pas de demander à être payé plus pour avoir roulé plus en se perdant! Avec un ciel pollué, ils ne manquent pas d’air les amis chinois!! Uhhhhh.. ça va bien se passer!!
On se fâche par intermittence dans deux langues distinctes sans se comprendre. Seul le ton donnait la temperature de la limite de ma patience après une si longue route de puis Shanghaï!!
Arrivée à destination par miracle avec ce taxi perdu qui prenait ses fonctions pour la première fois (!!!), c’est le soir de la veillée des Morts. Il fait nuit, il pleut, il gèle dans la voiture et il fait chaud moite dehors. Les hommes et femmes font des feux à même le sol et font leurs prières silencieuses sur les trottoirs en mémoires de leurs ancêtres .
Au matin du premier jour je suis envahie par une sensation d’étouffement comme jamais. Le ciel gris est à portée de mes mains et je ne vois pas la cime de l’arbre en face de mon immeuble. Comme pour mettre le coup final, Yang Li qui me loge, me tend un masque…Aussi naturellement que s’il me tendait un parapluie. Un masque avec le petit trou! Un réplique tissu de masque à gaz!!! Mes yeux se figent et ma mâchoire tombe. Il ajoute, « aujourd’hui, il devrait y avoir « un peu » de pollution, mets ça si tu sors te promener »…!!!
Le ciel est plus opaque qu’une galette au sarrasin . Le soleil a été capturé loin loin là haut…
Face à ma fenêtre , j’ai juste envie de fuir…
Je me suis donnée deux jours..! Pour le première fois de tout mon voyage autour du monde j’arrive dans un lieu qui ne me convient absolument pas. Tout m’oppresse. Je n’ai accès à aucun site internet dans ce pays. Pas une porte internet qui me laisse entrevoir le coin d’une carte géographique dans une langue connue de mon cerveau. Coupée du monde, sans carte, ni internet, ni accès à mes emails , sans parler le chinois , c’est la limite de la paralysie pour explorer ce pays. Manger devient un exploit. Je ne peux lire les cartes et menus en chinois… et je ne sais quel animal a été cuisiné et frit et transformé dans tous les mets présentés sous mes yeux. Je ne sais comment leur dire que je ne mange que des légumes!! Lost in translation!! Isolée cybernétique, exilée linguistique et culinaire!
Je suffoque par les marées humaines. Un monde…l’impression que toute l’Humanité est réunie dans une même rue, une même trame de métro ou sur une même route.
Ils roulent en scooter, vélo, voiture et à pied en envoyant leur textos. Ils ne voient personne… parlent fort et se vident le nez et la glotte proche de mes tongs… Non, s’en est trop!
Etre ici me demande trop d’énergie et d’efforts.
Je dois partir, vite! Dès la fin de semaine je passe un appel à la compagnie aérienne pour me mettre sur le tout prochain vol en direction des Philippines. China, je te quitte le sourire aux lèvres!!!
C’est une description un peu « sombre » de mon passage en Chine mais cependant, je laisse tout loisirs aux quelques 1.381 228 382 d’âmes d’en apprécier les charmes pour moi!
Et hop, je ne suis plus là!!!